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Obtention végétale en Afrique : une opportunité pour les paysans

En quoi pensez-vous que les obtentions végétales sont un atout majeur pour la production agricole ?

La protection des obtentions végétales est le seul moyen d’assurer, d’une manière durable, le financement des sélectionneurs qui améliorent les plantes destinées à la production agricole. C’est elle qui a permis aux paysans français de multiplier par 7 le rendement de leur blé, passé de 1 à 7 Tonnes à l’hectare entre les années 50 et les années 80.  Cet investissement, dans la recherche et la sélection de nouvelles plantes, est d’autant plus essentiel que l’agriculture mondiale est face à des défis extrêmement importants. Il s’agit, en effet, d’assurer la sécurité alimentaire d’une population croissante, dans un contexte de réduction des terres cultivées, de changement climatique à un moment où nous essayons de nous passer de produits phytosanitaires ou d’engrais chimiques.

Comment voyez-vous l’entrée de l’Afrique, en général et de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI), en particulier, dans cette démarche ?

Cette question du financement de la recherche privée et publique est encore plus importante sur un continent africain qui connaît, d’une manière générale, les rendements les plus faibles au niveau mondial. A titre de comparaison, le rendement moyen du continent africain est de 2 tonnes à l’hectare en maïs pour un rendement de 2,5 en Asie, de 6,6 en Europe et de 10,4 en Amérique. Le rendement du riz est de 2,6 en Afrique et de 6,7 en Chine.

Le fait que les pays membres de l’OAPI aient adopté un système de propriété intellectuelle permettant de rémunérer la recherche publique, comme la recherche privée, devrait favoriser plus d’investissements pour permettre aux paysans africains d’accéder à du progrès génétique dont ils sont largement privés aujourd’hui.

À partir de votre expérience, que peut-on considérer comme avantages, mais aussi difficultés potentielles dans la mise en œuvre des OV en Afrique ?

L’Agriculture de la majorité des pays d’Afrique subsaharienne s’est largement construite sur des modèles étatiques basés sur une recherche publique, souvent éloignée des réalités du marché et des systèmes de subvention non vertueux. Le résultat est que les paysans africains sont mis en situation de concurrence déloyale vis-à-vis des paysans du reste du monde, qui eux accèdent tous les ans à de nouvelles variétés leur apportant un progrès génétique. Pour illustrer cette situation, en France, sur 6000 variétés mises à disposition des agriculteurs, 600 nouvelles arrivent chaque année sur le marché. C’est grâce à ce travail que le rendement du blé français est le plus élevé de tous les pays du monde.

Pour que les paysans africains accèdent au même niveau de progrès chaque année, plus de recherche est indispensable autant que sécuriser le financement de cette recherche l’est aussi. De ce point de vue, il faut insister sur le fait que ce n’est pas un débat entre recherche publique et recherche privée qui ont, de fait, les mêmes objectifs et les mêmes contraintes ; ce n’est pas non plus un débat entre des ressources génétiques accessibles à tous et des variétés réservées à une élite paysanne, qui en aurait les moyens. Le droit des obtentions végétales a cette particularité essentielle de permettre de rémunérer le sélectionneur qui a créé une nouvelle plante, tout en laissant un accès libre à ces nouvelles plantes en tant que ressources génétiques pour la recherche et la sélection.

M.François BURGAUD
Directeur des relations extérieures du Groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS), France

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